CHIYONI 1703-1775
nekojita
titre
  千代尼 CHIYONI (1703-1775)
 
nekontact ^..^
NIHON NO HAIJIN
Chiyojo
 
Fuyuno Niji
Hisajo Sugita
Madoka Mayuzumi
 
 
 
 

désir de femme 
profondément enraciné
les violettes

Chiyo Fukumasuya, née en 1703 à Matto, dans une famille de monteur de rouleaux de calligraphie et de peinture, a côtoyé, très jeune, peintres, poètes, calligraphes, clients de l'échoppe. Sensible à l'odeur si particulière de l'encre de Chine, à la beauté des pinceaux et des bâtons d'encre, et à l'atmosphère artistique de la boutique, elle compose son premier poème à six ans.

A douze ans, son père l'envoie au service du maître de haiku Hansui, à Kanazawa, pour apprendre les caractères chinois et la composition poétique, choses utiles à l'entreprise familiale de montage de rouleaux.

Élève de Shiko Kagami, disciple de Bashô, son nom commence à être connu dans les cercles littéraires et ses poèmes sont publiés dans des anthologies. Outre ses haikus, Chiyo est aussi connue pour sa grande beauté. Le poète Rokyo compose ce poème en son honneur :

ne fais pas tomber le voyageur
de son cheval
belle herbe

Après le décès de ses parents et de son frère, elle tient la boutique familiale jusqu'à l'âge de cinquante ans, époque à laquelle elle confie à sa nièce Nao et à son mari Rokubei le soin de s'occuper du négoce pour se consacrer entièrement à la voie du haiku et fréquenter les cercles poétiques.

En 1754, Chiyo devient bonzesse de l'école bouddhiste de la Terre Pure (Jodo Shinshu), se fait appeler Chiyo-ni (bonzesse Chiyo) et prend le nom bouddhiste Soen (jardin nu). Le jour de son ordination, elle se fait raser les cheveux et compose :

le rouge à lèvres
ma bouche a oublié
ah! l'eau de source

Chiyo-ni n'habite pas de façon permanente au temple, mais, en tant que bonzesse et artiste, se trouve en dehors du système cloisonné des classes et non concernée par les normes et codes sociaux imposés aux femmes d'alors. Elle devient plus active que jamais dans le milieu haiku. Son style est pur, sans artifice, sans ornement, parfaitement naturel comme sa vie. Chiyo-ni pratique la voie de l'harmonie avec la nature et cultive, à la suite de Bashô, l'élégance poétique (fuga no michi), la poésie comme art de vivre. Voie spirituelle et voie poétique se confondent. Son art s'épure et elle commence à voir les choses telles qu'elles sont.

Peu de temps avant de mourir, elle compose le poème qui sera le dernier écrit de sa main :

l'eau est limpide et fraîche
les lucioles s'éteignent
rien d'autre

Et dicte le dernier poème qu'elle compose :

j'aurai vu la lune aussi
à ce monde
adieu

En 1775, à soixante-douze ans, Chiyo-ni quitte ce monde flottant.

D’après la traduction de Cheng Wing Fun : Bonzesse au jardin nu, de Chiyo-ni. (Moundarren 2005).

Ses publications :

  • 1764 : Chiyo-ni kushu, Recueil des haikus de Chiyo-ni (564 haiku)

  • 1771 : Haikai matsu no koe, Haiku du chant des pins (327 haiku).
    Transcription phonétique : nekojita.

うら町の
鼾あかるし
けふの月

dans la rue derrière
des ronflements épanouis
nuit de pleine lune

ura machi no
ibiki akarushi
kyô no tsuki

紅さいた
口もわするる
清水哉

le rouge à lèvres
ma bouche a oublié
Ah ! l’eau de la source

beni saita
kuchi mo wasururu
shimizu kana

そのわかれ
浮草の花祑
けしの花

adieu
fleur du monde flottant
fleur de coquelicot

sono wakare
ukikusa no hana
keshi no hana

清水すずし
蛍のさえて
なにもなし

l’eau est limpide et fraîche
les lucioles s’éteignent
rien d’autre

seisui suzushi
hotaru no saete
nanimo nashi

月も見て
我はこの世ぺ
かしく哉

j’aurai vu la lune aussi
à ce monde
adieu

tsuki mo mite
ware wa kono yo o
kashiku kana

鶴のあそび
雲井にかなふ
初日哉

batifolent les grues
jusque dans le ciel
premier soleil de l’année

tsuru no asobi
kumoi ni kanafu
hatsuhi kana

もれ出る
山又山や
はつ霧

voilée, dévoilée
montagne après montagne
première brume de l’année

morederu
yama mata yama ya
hatsu kiri

屠蘇酒や
又とそまでの
遊びそめ

d’une coupe de saké épicé du nouvel an
jusqu’à une autre coupe
premier plaisir de l’année

tosozake ya
mata toso* made no
asobi some

* saké épicé du nouvel an

梅が香や
ことに月夜の
おもしろさ

le parfum du prunier
parfaitement envoûtant
au clair de lune

umega kaoriya
kotoni tsukiyono
omoshirosa

手折らるる
人に薫るや
梅の花

pour celui dont la main en casse un rameau
le parfum
des fleurs du prunier

te oraruru
hitoni kaoruya
ume no hana

春雨や
美くしうなる
ものばかり

pluie de printemps
toute chose
embellit

harusame ya
utsukushi unaru
mono bakari

道すがら
清水の種や
けふの雨

sur la route
semence d’eau de source
la pluie d’aujourd’hui

adieu à Gosen

michi sugara
shimizu no tane ya
kyô* no ame

* kefu=>kyô

蝶ほどの
笠になるまで
したひけり

jusqu’à ce que son chapeau en bambou devienne papillon
je reste attaché à lui

adieu à Gosen

chyô hodono
kasa ni naru made
shitai keri

若くさや
きれまきれまに
水のいろ

les jeunes herbes
entre chaque brin
miroite l’eau

wakakusa ya
kirema kirema ni
mizu no iro

若草や
駒の寝起きの
うつくしき

dans les jeunes herbes
les poulains couchés, debout
splendeur

wakakusa ya
koma no neoki no
utsukushiki

朝夕に
雫のふとる
にの⽋哉

matin et soir
les gouttes de rosée gonflent
les bourgeons

asayû ni
shizuku no futoru
konome kana

結ふと
解ふと風の
やなぎかな

emmêlé
démêlé par le vent
ah ! le saule pleureur

musubu futo
tokufuto kaze no
yanagi kana

鴬や
また言ひなほし
言ひなほし

le rossignol
se reprend
encore se reprend

uguisu ya
mata ihinahoshi
ihinahoshi

駈出る
駒も足嗅ぐ
すみれかな

les chevaux après le galop
reniflent leurs pattes
Ah ! les violettes

kakederu
koma mo hashi kagu
sumire kana

うつむいた
所が台や
すみれ草

tête baissée
sur l’autel du bouddha
les violettes

utsumuita
tokoroga dai ya
sumirekusa

我つて
女子の欲や
すみれ草

désir de femme
profondément enraciné
les violettes

ne o tsuite
onago* no yoku ya
sumire kusa

* se lit aussi "joshi"

声たてぬ
時かわかれぞ
猫の恋

plus un bruit
le moment de la séparation ?
les chats en chaleur

koe tatenu
toki ka wakarezo
neko no koi

思ひわすれ
思ひ出す日そ
春の鹿

du temps passé oublié
me revient le souvenir
les biches au printemps

omoiwasure
omoidasu hiso
haru no shika

鍋墨の
行方はづかし
かきつばた

la marmite couverte de suie
honteuse
au milieu des iris

nabezumi no
yukue hazukashi
kakitsubata

杜鵑
まだ白紙の
あはれなり

le coucou
la page blanche
solitude

hototogisu
mada shirogami* no
aware nari

*se lit aussi "hakushi"

足跡は
男なりけり
初櫻

ces traces de pas
celles d’un homme
les premières fleurs de cerisier

ashiato wa
otoko narikeri
hatsusakura

晩鐘を
空におさゆる
さくらかな

le son de la cloche du soir
immobilisé dans le ciel
les cerisiers en fleurs

banshô o
sora ni osayuru
sakura kana

眼をふさぐ
道のおすれて
山さくら

les yeux accaparés
en oublient le chemin
les cerisiers de la montagne en fleurs

me o fusagu
michi no osurete
yama sakura

つくつくし
ここらに寺の
跡もあり

au milieu d'un champ de prêles
les ruines
d'un temple écroulé

tsukutsukushi
kokora ni tera no
ato mo ari

蝶々や
をなごの道の
後や先

papillon, papillon
sur le chemin de la fillette
derrière, devant

chôchô ya
onago no michi no
ushiro ya saki

蝶々や
何を夢見て
羽つかひ

papillon
à quoi rêves-tu ?
à frémir ainsi des ailes ?

chôchô ya
nani o yume mite
hane tsukai

たんぽぽや
折々さます
蝶の夢

les pissenlits
de temps à autre réveillent
les papillons de leurs rêves

tanpopo ya
oriori samasu
chyô no yume

蝶は夢の
名残わけ人
花野哉

traces
des rêves des papillons
les fleurs dans les champs

chô wa yume no
nagori wake hito
hanaya kana

蝶々や
なれも腹たつ
日のあらむ

papillon
en colère comme tout le monde
un jour ou l’autre

chôchô ya
naremo onaka tatsu
hi no aramu

転ろばても
笑うてばかり
ひひな哉

même renversées
ne cessent de sourire
les poupées de la fête

korobatemo
waratte bakari
hihina kana

踞ばふて
雲を伺ふ>
蛙かな

accroupie
elle observe les nuages
la grenouille

uzukubatte
kumo o ukagau
kaeru kana

雨雲に
はらのふくるる
蛙かな

sous les nuages de pluie
ventre gonflé
la grenouille

amagumo ni
hara no fukururu
kaeru kana

茶のはなや
此夕暮を
咲のばし

des théiers en fleurs
la floraison
prolonge le crépuscule

cha no hana ya
kore yûgure o
saki no bashi

かけたらぬ
女心や
土用干

jamais éteint
mon cœur de femme
j’aère mes vêtements

kaketaranu
onnagokoro ya
doyôboshi

釣杖の
糸にさはるや
夏の月

le fil de la canne à pêche
effleure
la lune d’été

tsuri tsue no
ito ni saharuya
natsu no tsuki

動ごかして
みれど竹にも
暑哉

même dans les bambous
qui frémissent
quelle chaleur !

ugokashite
miredo take ni mo
atsusa kana

涼しさや
裾からも吹
薮たたみ

fraîcheur !
le bas de ma robe soulevé par le vent
dans le bosquet de bambous

suzushisa ya
susokara mo fuki
yabutatami

夕顔や
物のかくれて
うつくしき

le liseron du soir
la grâce
des choses cachées

yûgao ya
mono no kakurete
utsukushiki

夕顔や
女子の肌の
見ゆる時

le liseron du soir
la peau d’une femme
au moment où elle se découvre

yûgao ya
onago no hada no
miyuru toki

起きて見つ
寝て見つ⣊屋の
廣さ哉

je me lève
je me couche
si vaste la moustiquaire

okite mitsu
nete mitsu kaya no
hirosa kan

朝顔わ
蜘蛛の糸にも
咲きにけり

le liseron du matin
malgré la toile d’araignée
a éclos

asagao wa
kumo no ito nimo
sakini keri

朝顔に
釣瓶とられて
貰ひ水

le liseron
au seau du puits s’est enroulé
à mon voisin je vais quémander de l’eau

asagao ni
tsurube torarete
morai mizu

こばれては
もとの水なり
紅の露

renversée
ce n’est que de l’eau
la rosée sur la fleur de centaurée

kobaretewa
moto no mizu nari
beni no tsuyu

行水に
ぺのが影追ふ
蜻蛉かな

au-dessus du bain
elle pourchasse son ombre
la libellule

gyôzui ni
o noga kage ou
tonbo kana

川ばかり
铗はながれて
蛍かな

juste au-dessus de la rivière
où coule l’obscurité
les lucioles

kawa bakari
yami wa nagarete
hotaru kana

しののめや
とめし蛍を
置忘れ

Nuages de l’aube
les lucioles de la nuit dernière
déjà oubliées

shino no me ya
tomeshi hotaru wo
okiwasure

松の葉も
よみつくすほど
涼けり

Je compte les aiguilles de pin
jusqu’à
ressentir la fraîcheur

matsu no ha mo
yomitsukusu hodo
suzushi keri

澁かろか
知らぬど柿の
初ちぎり

Sera-t-il âpre ?
je l’ignore encore
le premier kaki cueilli

shibukaro ka
shiranu do kaki no
hatsu chigiri

道の記の
筆にも結ぶ
清水かな

Pour mes notes de voyage
mon pinceau aussi je trempe
dans l’eau de source

michi no ki no
fude ni mo musubu
shimizu kana

清水には
裏も表も
なかりけり

L’eau limpide
ni dedans
ni dehors

seisui ni wa
uramo omotemo
nakari keri

滝の音も
細るや峰に
蝉の声

Même le bruit de la cascade
s’est affaibli
le chant des cigales

taki no oto mo
hosoru ya mine ni
semi no koe

雨の音を
洗てすずし
松の蝉

Le son de la pluie
à sa fraîcheur se rincent
les cigales des pins

ame no oto wo
arate suzushi
matsu no semi

涼しさや
夜ふかき橋に
しらぬ同士

Prenant le frais
sur le pont, au milieu de la nuit
des gens qui ne se connaissent pas

suzushisa ya
yo fukaki hashi ni
shiranu dôshi

簾下げて
誰が妻ならん
涼舟

Store en roseaux descendu
la femme de qui
prenant le frais sur une barque ?

misu sagete
dare ga tsuma naran
suzushi fune

拾ふもの
みな動くなり
潮干潟

Tout ce qu’on ramasse
bouge
à marée basse

hirofumono
mina ugoku nari
shio kata

こぼれては
風拾ひ行
千鳥かな

Le vent qui passe les disperse
les rassemble
les pluviers

koborete wa
kaze hirohi yuki
chidori kana

わたり鳥
むつかしいほど
出ありきて

Les oiseaux migrateurs
braillards
sur le départ
watari tori
mutsukashii hodo
dearikite
初雁や
よいよながき
夜にかはり
Les premières oies sauvages
les nuits
sont de plus en plus longues
hatsu kari ya
yoiyo nagai
yonikahari
売られても
秋をわすねぬ
鶉哉

Même en vente au marché
elles n’oublient pas l’automne
les cailles

uraretemo
aki o wasunenu
uzura kana

長き夜や
かはりがはりに
虫の声

Longue nuit
chacun son tour
chantent les insectes

nagaki yoya
kahari gahari ni
mushi no koe

秋風の
山をまはるや
鐘の声

Avec le vent d’automne
qui tournoie dans la montagne
le son de la cloche

akikaze no
yama o miharuya
kane no koe

をしなべて
声なき蝶も
法の場

Le papillon aussi
silencieux
cérémonie bouddhiste

oshinabete
koe nakichô mo
hô no ba

ゆふぐれを
余所に預けて
もみち哉

Le crépuscule
accaparé
par les feuilles rouges des érables

yuugure o
yoso ni azukete
momiji kana

夢さめぬ
畳に菊の
咲しけふ

Interrompant mon rêve
le chrysanthème sur le tatami
vient d’éclore

yume samenu
tatami ni kiku no
sakishi kyô

三日月に
ひしひしと物の
静まりぬ

Premier croissant de lune
me pénètre imperceptiblement
le silence

mikazuki ni
hishihishi to mono no
shizumarinu

待暮も
曙もなき
紙衣かな

N’attendant ni le soir
ni l’aube non plus
mes vieux vêtements

machi kure mo
akebono mo naki
shiginu kana

何着ても
うつくしうなる
月見哉

Quelque soit l’habit qu’on porte
il est élégant
quand on contemple la lune

nani kitemo
utsukushi unaru
tsukimi kana

名月や
眼に置ながら
遠歩行

À la pleine lune d’automne
mes yeux sont rivés
longue promenade

meigetsu ya
me ni okinagara
tooi hokô

月の夜や
石に出て鳴
きりぎりす

Nuit de lune
perché sur une pierre
stridule un criquet

tsuki no yo ya
ishi ni detenaki
kirigirisu

名月に
帰て咄す
事はなし

Pleine lune d’automne
de retour
rien à en dire

meigetsu ni
kaete hanasu
kotobanashi

蚊帳の手を
ひとつはずして
月見かな

Par un coin décroché
de la moustiquaire
ah ! la lune

kaya no te o
hitotsu hazushite
tsukimi kana

二日三日
身に添いかぬる
袷かな
Deux-trois jours durant
il sera mal ajusté au corps
le kimono doublé
futsuka mikka
mi ni sôikanuru
awase kana
ともかくも
風にかせて
かれ尾花
Quoiqu’il en soit
au vent s’en remettent

les fétuques flétris
tomokakumo
kaze ni makasete
kare obana

吹風の
はなればなれや
ふゆ木立

Le souffle du vent
fendu, fendu
par le bosquet d’arbres en hiver

fukikaze no
hanarebanare ya
fuyu kodachi

はつしぐれ
何所やら竹の
朝朗

Première pluie d’hiver
sur des bambous quelque part
à l’aube

hatsushigure
nan se/sho yara take no
asaborake

時雨るるや
一間にきのふ
けふもくれ

Pluie d’hiver
dans la même chambre qu’hier
aujourd’hui aussi se termine

shigururu ya
hitoma ni kinô
kyô mo kure

はつ雪や
もの書けば消え
書けば消え

Première neige
ce que j’écris s’efface
ce que j’écris s’efface

hatsuyuki ya
monokakeba kie
kakeba kie

花となり
雫となるや
今朝の雪

Elle devient fleur
elle devient goutte d’eau
la neige ce matin

hana to nari
shizuku to naru ya
kesa no yuki

雪の夜や
ひとり釣瓶の
落る音

Nuit de neige
seul le son du seau
descendant dans le puits

yuki no yo ya
hitori tsurube no
otoru oto

声なくば
鷺うしなはむ
今朝の雪

Sans leurs cris
des hérons on serait privé
matin de neige

koe nakuba
sagi ushinahamu
kesa no yuki

野に山に
動くものなし
雪の朝

Sur champs et montagnes
rien ne bouge
matin de neige

no ni yama ni
ugoku mono nashi
yuki no asa

しなわねば
ならぬ浮世や
竹の雪

Ploient
en ce monde flottant
les bambous sous la neige

shinawaneba
naranu ukiyo ya
take no yuki

我雪を
水にうつして
にらみけり

Sous la neige
mon reflet dans l’eau
j’observe attentivement

ware yuki o
mizu ni utsushite
nirami keri

ころぶ人を
笑ふてころぶ
雪見哉

Ceux qui sont tombés
rient de ceux qui tombent
admirant le paysage sous la neige

korobuhito o
waraute korobu
yukimi kana

何事も
筆の住来や
冬籠

Toutes les nouvelles
par échange de courrier
réclusion hivernale

nanigoto mo
fude no ôrai ya
fuyu gomori

物ぬひや
夢たたみこむ
師走の夜

En train de coudre
repliée dans le rêve
fin de l’année

mono nuhi ya
yume tatamikomu
shiwasu no yo
鳥影も
葉に見て淋し
冬の月
Prenant l’ombre des oiseaux pour des feuilles
solitude
la lune d’hiver
torikage mo
ha ni mite sabishi
fuyu no tsuki
独り寝の
さめて霜夜を
さとりけり
Dormant seule
réveillée par le gel nocturne
pur ravissement

hitori ne no
sameteshimoyo
satori keri