Hisajo Sugita 1890-1946
nekojita
titre
 
久女杉田 Hisajo SUGITA (1890-1946)
 
nekontact ^..^
ONNA NO HAIJIN
Chiyojo
 
Niji Fuyuno
Hisajo Sugita
Madoka Mayuzumi
 
 
 
 

Hisajo s'est faite connaître en publiant dans la revue Hototogisu, dirigée par Kyoshi Takahama.

Elle s’est appliqué, sa vie durant, à l’art de la calligraphie et du haiku. Innovatrice dans le monde du haïku, féministe avant l’heure, elle nous révèle sa coquetterie, voire sa sensualité dans le port du kimono. Malheureusement atteinte de démence vers la fin de sa vie, Hisajo est morte sans être acceptée dans le monde du haïku. Ses œuvres sont considérées comme étant l’une des sources du haïku contemporain.

Micheline Beaudry lui consacre un article, ainsi qu’à d’autres femmes poètes japonaises dans la revue canadienne Arcade n°64, dont le thème est l’instant - automne 2005. Malheureusement, on ne trouve que très peu de traductions françaises. Je me suis donc inspirée des traductions anglaises de World Haiku Review pour interpréter ces haïkus.

Traductions en français
- Poème court japonais d’aujourd’hui, traduit par Corinne Atlan (Gallimard 2007).

- Du rouge aux lèvres. Haïjins japonaises, traduit par Makoto Kemmoku et Dominique Chipot (La Table ronde, 2008).

秋木ぬと
サファイア色の
小鯵買う

l’automne est là-
j’achète
un petit poisson saphir

aki kinu to
safaia iro no
koaji kau

秋宮に
髪むしり泣く
女哉

temple en automne -
tirant violemment ses cheveux
une femme pleure
aki miya ni
kami mushiri naku
onna kana

朝寒の
釜たくわれに
起き来る子

matin de froid-
tandis que j’allume le feu
l’enfant réveillé me rejoint
asazamu no
kama taku ware ni
oki kuru ko

貧しき群れに
落ちし心や
百合にはず

dans l’horrible foule
mon cœur s’est brisé
à la vue des lys innocents
mazushiki mureni
ochishi kokoro ya
yurini hazu

薄物に
衣通る月の
肌へかな

à travers le kimono léger
la lune effleure la peau nue

usumono ni
so tôru tsuki no
hadae kana

春の陽に
心踊りて
襟掛けぬ

lumière de printemps-
mon cœur danse en mettant
le col de mon kimono
haru no hi ni
kokoro odorite
eri kakenu
板の如き
帯にさされぬ
秋扇

enfoncé dans l’obi
trop serré et rigide
un éventail d’automne

ita no gotoki
obi ni sasarenu
aki ôgi
紫陽花に
秋冷いたる
信濃かな
l’air frais d’automne
arrive aux fleurs d’hortensia
pays de Shinano
ajisai ni
shûrei itaru
shinano kana
花衣
ぬぐやまつはる
紐いろいろ
kimono fleuri-
en se déshabillant s’accrochent
les différents cordons
hanagoromo
nugu yamatsu haru
himo iroiro
羅を
裁つや乱るる
窓の黍
Je coupe de la soie.
Des tiges de millets ondulent et s’entrelacent
À la fenêtre.

rashin o
tatsu ya midareruru
mado no kibi

夕顔や
ひらきかかりて
襞深く
les belles de nuit?
à demi-ouvertes
avec des plis profonds
yugao ya
hirakikakarite
hida fukaku

朝顔や
濁り初めたる
市の空

fleurs de volubilis
le ciel au-dessus de ce quartier
commence à s’ennuager

asagaoya
nigori hajimetaru
ichi no sora

しろしろと
花びらそりぬ
月の菊

les pétales de chrysanthème
se cambrent dans leur blancheur
au-dessous de la lune
shiroshiroto
hanabirasorinu
tsuki no kiku

菊の日に
雫振り梳く
濡毛かな

jour des chrysanthèmes-
en peignant mes cheveux mouillés
une pluie de gouttes
kiku no hi ni
shizuku furitoku
nureke kana

春潮に
流るる藻あり
矢の如く

Dans le courant de la marée du printemps
Une touffe d’algues passe
Telle une flèche.
harushioni
nagaruru mo ari
ya no gotoku
谺して
山ほととぎす
ほしいまま
échos de voix d’un coucou
ils dominent la montagne à volonté
kodama shite
yama hototogisu
hoshiimama

雪道や
降誕際の
窓明り

fenêtre éclairée
sur le sentier neigeux
fête de la nativité
yuki michi ya
kôtansai no
mado akari

バイブルを
良む淋しさよ
花の雨

lisant la bible
seule-
pluie de pétales
baiburu o
yomu sabishisa yo
hana no ame

朝顔や
濁り初めたる
市の空

fleurs de volubilis
le ciel au-dessus de ce quartier
commence à s’ennuager

asagaoya
nigori hajimetaru
ichi no sora

菱摘む
とかがめば沼は
沸く匂ひ
quand on se penche au-dessus d’une barque
et cueille des châtaignes d’eau,
le marais sent comme s’il bouillait.

hishi tsumamu
tokagameba numa wa
waku nioi