ISSA 1763-1827
nekojita
titre
 
一茶 ISSA (1763-1827)
 
nekontact ^..^
NIHON NO HAIJIN
Bashô
Buson
Le chat et moi
Hosai
Haïku de la mer
Issa
Ryôkan
Santoka1
Santoka2
Shiki
Sôseki
Taigi
 

     Après Matsuo Bashô et Yosa Buson, Issa, sans rien perdre de son élégance, étend d’un coup son registre à tous les aspects de la vie qui en avaient été rejetés, voire censurés. Quelle que soit sa disposition, à tout moment le lecteur peut être assuré de trouver un poème où il se reconnaîtra dans l’œuvre d'un homme qui a tout connu de l’existence et, surtout, ses plus grandes peines. Car, Issa, rompt délibérément avec la convention du genre qui interdisait au poète d’intervenir par trop dans sa composition : larmes et rires, désespoirs et fugitifs plaisirs, colères contre les abus de l’autorité, mépris amusé des prétendus grands, réjouissantes sollicitudes envers les animaux de tous genres, y compris les plus détestés par le commun, la liste est inépuisable. Et, présent à chaque page, l’humour, avec une robuste verdeur sans détours.

Issa demeure aussi profondément japonais que les deux maîtres après lesquels il a donné au haïku ses dernières lettres de noblesse littéraire; mais, bien plus encore, il est probablement le seul poète japonais de l’humanité tout entière.

Traductions en français :
- HAIKU de Issa, Verdier 1994. Traducteur : Joan Titus-Carmel
- Kobayashi Issa En village de miséreux, Connaissance de l’Orient-Gallimard 1996. Traducteur : Jean Cholley.

鴬や
午前ね出ても
同じこえ

Ah le rossignol
même en présence d’un prince
son chant est le même

uguisu ya
gozen he detemo
onaji koe

夕燕
我には翌日の
あてもなし

hirondelles du soir
et pour moi un lendemain
sans le moindre but

yû tsubame
ware ni wa asuno
ate mo nashi

茶の花に
隠んぼする
雀哉

dans les fleurs de thé
ils s’amusent à cache-cache
les petits moineaux

cha no hana ni
kakurenbo suru
suzume kana

花の陰
あかの他人は
なかりけり

A l’ombre des fleurs
même un parfait étranger
ne l’est plus

hana no kage
aka no tanin wa
nakari keri

蝶飛ぶや
此の世に望み
ないように

Ah le papillon
volant comme si le monde
n’avait aucun but

chô tobu ya
konoyoni hozomi
nai yôni

何もないが
心安なよ
涼しさよ

ne possédant rien
comme mon cœur est léger
comme l’air est frais

nanimo nai ga
kokoro yasunayo
suzushisa yo

衣がえ
座わって見ても 
ひとりかな

de nouveaux habits :
m’asseyant, me regardant -
comme je suis seul !

koromogae
suwatte mitemo
hitori kana

人一人
蝿も一つや
大座敷き

un homme tout seul
et seule aussi une mouche
dans la grande salle

hito hitori
hae mo hitotsu ya
ôzashiki

なくなむし
わかるるこいは
ほしにさえ

ver, ne pleure pas !
de même que les étoiles
les amants se quittent

naku na mushi
wakaruru koi wa
hoshi ni sae

其の声で
ひとつ踊れよ
鳴く蛙

avec un tel chant
juste une petite danse
grenouille coassante

sono koe de
hitotsu odore yo
nake kawazu

けさ程や
こそりと落ちて
ある一葉

ce matin sans doute
une feuille solitaire
tombée en silence

kesa hodoya
kosori to ochite
aru hitoha

我と来て
遊べや親の
ない雀

viens donc avec moi
et amusons-nous un peu
moineau sans parents

ware to kite
asobe ya oya no
nai suzume

蝿打つに
花さく草も
打たれけり

chassant une mouche
une plante en fleurs aussi
a été touchée

hae utsu ni
hana saku kusa mo
utare keri

たらいから
たらいにうつる
ちんぷんかん

du premier baquet
jusqu’à l’ultime baquet
de vaines parlottes

tarai kara
tarai ni utsuru
chinpunkan

老いぬれば
日の永いにも
涙かな

lorsqu’on vieillit
même la longueur des jours
est source de larmes

oi nureba
hi no nagai ni mo
namida kana

影法師も
まめ息災で
けさの春

mon ombre elle aussi
est au meilleur de sa forme
matin de printemps

kagebôshi mo
mame sokusai de
kesa no haru

En village de miséreux

traduit par Jean Cholley

山寺や
雪の底なる
鐘の声

temple de montagne
résonne au fond de la neige
le son d’une cloche

yamadera ya
yuki no soko naru
kane no koe

華の友に
又逢ふ迄ハ
幾春や

mes amis sous les fleurs
jusqu’à ce que les revoie
combien de printemps

hana no tomo ni
mata au made wa
ikuharu ya

蓮の花
虱を捨る
ばかり也

fleurs de nénuphar
de mes poux me débarrasse
n’ayant autre à faire

hasu no hana
shirami wo sutsuru
bakari nari

時鳥
我が身ばかりに
降る雨か

petit coucou
serais-je le seul sur qui
tombe, tombe la pluie

hototogisu
wagami bakari ni
furu ame ka

しづかさや
湖水の底の
雲のミね

ah, sérénité
et au fond des eaux du lac
la cime des nuages

shizukasa ya
kosui no soko no
kumo no mine

馬の屁に
目覚めて見れば
飛ぶほたる

d’un pet de cheval
tiré du sommeil j’ai vu
des lucioles en vol

uma no he ni
mezamete mireba
tobu hotaru

外ハ雪
内ハ煤ぶる
すみかかな

au dehors la neige
et au-dedans noire de suie
telle est ma demeure

soto wa yuki
uchi wa susuburu
sumika kana

雲に鳥
人間海に
さそぶ日ぞ

nuages aux oiseaux
et des humains dans la mer
ces jours de plaisir

kumo ni tori
ningen umi ni
asobu hi zo

せ々なぎや
氷を走る
炊ぎ水

dans le caniveau
court par-dessus le verglas
l’eau de cuisson du riz

sesenagi ya
kôri wo hashiru
kashigimizu

振向ば
はや美女過る
柳哉

me suis retourné
mais déjà passait la belle
là-bas sous les saules

furimukeba
haya bijo suguru
yanagi kana

長閑しや
雨後の畠の
朝煙り

ô sérénité
après la pluie dans les champs
fumées du matin

nodokeshi ya
ugo no hatake no
asakeburi

我死なば
墓守となれ
きりぎりす

quand ne serai plus
deviens gardienne de ma tombe
petite sauterelle

ware shinaba
hakamori to nare
kirigirisu

笠のつゆ
寝らんとすれば
犬の声

rosée sur ma coiffe
lorsque je m’apprêtais à dormir
aboiements de chiens

kasa no tsuyu
nemuran to sureba
inu no koe

もたいなや
昼寝して聞
田うへ唄

tant me rendent confus
quand les entends dans ma sieste
les chants des planteurs

motaina ya
hirune shita kiku
taueuta

汗拭て
墓に物がたる
別哉

essuyant ma sueur
avec la tombe je m’entretiens
lors de mes adieux

ase fuite
haka ni monogataru
wakare kana

浦風に
旅忘レけり
夕涼

au vent de la plage
mon voyage ai oublié
dans le frais du soir

urakaze ni
tabi wasure keri
yûsuzumi

炉のはたや
よべの笑ひが
いとまごひ

auprès du foyer
son sourire d’hier au soir
était un adieu

ro no hata ya
yobe no warai ga
itomagoi

足元へ
いつ来たりしょ
蝸牛

auprès de mes pieds
quand donc es-tu arrivé
colimaçon

ashimoto e
itsu kitarishi yo
katatsumuri

寝すがたの
蝿追ふもけふが
かぎり哉

du corps sur sa couche
ce jour où je chasse les mouches
peut-être l’ultime

nesugata no
hae ou mo kyô ga
kagiri kana

夜々に
かまけられたる
蚤蚊哉

et nuit après nuit
n’a cessé d’être harcelé
par puces et moustiques

yona yona ni
kamakeraretaru
nomi ka kana

夕影や
連ニはぐれて
なく蛙

aux ombres du soir
séparée de sa compagne
pleure une grenouille

yûkage ya
tsure ni hagurete
naku kawazu

生残る
我にかかるや
草の露

resté en ce monde
sur moi repose-t-elle alors
la rosée des herbes

ikinokoru
ware ni kakaru ya
kusa no tsuyu

宵やミの
一本竹や
なく蛙

une soirée sans lune
près d’un bamboo solitaire
coasse une grenouille

yoi yami no
ippon take ya
naku kawazu

辻風の
砂にまぶれし
小蝶哉

bourrasque de vent
de sable tout recouvert
petit papillon

tsujikaze no
suna ni mabureshi
kochô kana

梅さけど
鴬なけど
ひとり哉

et pruniers en fleur
et rossignol s’égosille
et moi resté seul

ume sakedo
uguisu nakedo
hitori kana

帰る雁
何を咄して
行やらん

oies sauvages s’en vont
de quoi peuvent-elles conférer
en prenant leur vol

kaeru kari
nani wo hanashite
yuku yaran

夕桜
家ある人は
とくかへる

cerisiers du soir
les gens qui ont une demeure
se hâtent d’y rentrer

yûzakura
ie aru hito wa
toku kaeru

かたつぶり
そろそろ登れ
富士の山

l’escargot
avec peine escalade
le mont Fuji

katatsuburi
soro soro nobore
fuji no yama